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Claudia Cardinale se souvient… et c’est bon !

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Claudia Cardinale se souvient… et c’est bon ! Empty Claudia Cardinale se souvient… et c’est bon !

Message  Démocrate Jeu 6 Sep - 22:37

Claudia Cardinale se souvient… et c’est bon !


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La muse de Visconti, Fellini et Herzog nous accorde un entretien exclusif, à la Mostra de Venise. Elle accompagne à Venise le dernier film de Manoel de Oliveira, 103 ans ! Et en profite pour nous raconter Delon, Belmondo, Bardot, John Wayne et les autres. C’est du caviar.

On lui parle de son glorieux passé. Dans un premier temps, elle zappe la question. Façon de dire qu’elle n’aime pas trop ça. Et que son présent va très bien, merci. Nature, drôle, sans chichis, Claudia Cardinale a du chien. Et un CV cinématographique qui ferait pâlir les plus grandes stars d’aujourd’hui. Jugez plutôt…

Elle a 17 ans lorsqu’elle est découverte, en 1955, à la Mostra de Venise. Ses débuts au cinéma sont tonitruants. Elle enchaîne entre 20 et 25 ans Le Pigeon (Monicelli), Rocco et ses frères (Visconti), Cartouche (De Broca), Huit et demi (Fellini), Le Guépard (Visconti), La Panthère rose (Edwards), avant de donner la réplique à John Wayne et Rita Hayworth dans Le Plus Grand Cirque du monde (Hathaway). On la retrouvera encore plus tard chez notamment Sergio Leone (Il était une fois dans l’Ouest), Werner Herzog (Fitzcarraldo). Et aujourd’hui Manoel de Oliveira, maître portugais et jeune cinéaste de 103 ans, qui la dirige aux côtés de Michael Lonsdale et Jeanne Moreau dans « Gebo et l’ombre », présenté hier à la Mostra de Venise.

Claudia Cardinale a du chien, disait-on. Elle rit beaucoup. Vous tutoie. Et vous tape sur les genoux (alors que c’est là notre première rencontre). Vous parle des quatre films qu’elle vient d’enchaîner, cette année. Dont un film tourné à Venise, sous la direction d’Emma Thompson. Et un film espagnol, El artista y la modelo, où elle retrouve Jean Rochefort, avec qui elle croisait le fer dans Cartouche.

C’était il y a juste 50 ans. Alors, le passé, elle finit par y revenir. Et tout y passe. Mais Claudia Cardinale d’insister d’emblée, comme s’il s’agissait de bien l’ancrer dans l’instant présent : « vous voyez, je suis toujours en train de voyager. Je suis la fille à la valise, quoi… comme dans le film ! »

Vous n’aimez pas vous retourner sur le passé ?

Pas du tout. Je ne suis pas nostalgique.

Évoquer le travail avec les grands cinéastes de vos débuts vous embête ?

J’ai eu la veine d’arriver dans les années magiques du cinéma. Visconti, Fellini, Bolognini, Blake Edwards… Dans Les Professionnels, de Richard Brooks, j’étais la seule femme. Comme dans Il était une fois dans l’Ouest, de Leone.

Quels sont les moments forts qui demeurent ?

J’ai fait Le Guépard et Huit et demi ensemble. Visconti et Fellini, c’était les deux opposés. Dans Huit et demi, il n’y avait pas de scénario. Tandis qu’avec Visconti, c’était comme au théâtre. Puis après ça, j’ai tourné un tas de films aux Etats-Unis. Un jour j’ai loué la maison de Paul Newman. Le premier film américain que je fais, c’est celui de Hathaway (Le plus grand cirque du monde), avec Rita Hayworth et John Wayne, qui jouent mon Papa et ma Maman.

John Wayne à qui dans le film vous filez une sacrée gifle, non ?

John Wayne, il me disait : « toi, tu n’es pas une fille. Tu es un mec ! » Moi, dans les films, je faisais tous les effets spéciaux. Je ne voulais jamais avoir de doublure. Dans le film de Hathaway, comme dans Les Pétroleuses, avec Brigitte (Bardot), ou dans Cartouche, c’est moi qui y vais. J’adore le danger.

Vous étiez vraiment faite pour vous rencontrer, avec Belmondo !

Ça a été extraordinaire. Un de mes plus beaux films, c’est La Viaggia (Le Mauvais Chemin, de Bolognini). On s’est rencontré là, avec Jean-Paul, à Florence. Moi, je fais une pute. Et lui tombe amoureux de la pute. Jean-Paul est incroyable. Quand il fallait dans le film de Bolognini tourner la scène où on devait faire l’amour, sous les draps on se faisait des pincettes. Bolognini intervenait : « bon, maintenant vous arrêtez de jouer ! » Plus tard, pour un autre film dans le sud de la France (La Scoumoune, 1972), on s’est organisé. Il m’a dit quand on s’est installé là-bas pour le tournage : « Claudia, tu souris au directeur de l’hôtel… » et pendant ce temps, lui, il démontait toute la chambre et il mettait tous les meubles dans la rue. On a fait des trucs terribles. Pour rigoler, chaque fois. J’en ai vu de toutes les couleurs, avec Jean-Paul.

Dites, on bavarde, comme ça. Mais j’y pense, puisqu’on est à Venise : c’est ici que tout a commencé, non, en 1955 ?

Oui. C’est incroyable ! Il y avait une fête de bienfaisance au consulat italien à Tunis. J’aidais ma Maman, et c’était l’élection de la plus belle Italienne de Tunisie. Toutes les filles s’étaient présentées. Puis à un moment il y a un mec qui vient, me porte sur scène, et me voilà la plus belle Italienne de Tunisie. Et ils m’ont offert le voyage au festival de Venise. J’étais toute jeune. J’arrive avec ma Maman. Et j’avais le bikini, avec une djellaba par-dessus. Or, à l’époque en Italie il n’y avait pas encore de bikini. Du coup tous les paparazzi me sautaient dessus, en train de faire des photos. Avec ma mère, on ne comprenait pas ce qui se passait. Et puis, j’avais une sœur très belle, avec de beaux yeux bleus. Je ne comprenais pas qu’on vienne vers moi. Puis après les producteurs ont commencé à me demander de faire du cinéma. J’ai dit non. Et quand on est monté sur l’avion, il y avait sur les journaux : « la fille qui refuse de faire du cinéma ».

Il vous a fallu deux ou trois ans avant de finalement en faire, du cinéma !

Oui, j’étais terrible. Après, ils ont commencé à obséder mon Papa avec des télégrammes. Et moi je disais toujours non, non, non.

Pourquoi ?

Parce que moi, je voulais faire l’exploratrice. Et finalement j’ai réussi. Parce que j’ai tourné de l’Australie jusqu’au Canada. Aujourd’hui, je suis toujours en voyage. Étant donné que je fais tellement de films, on m’invite partout et on me rend des hommages. Et les prix, je ne sais plus où les mettre. Et puis ce qui est extraordinaire, c’est que les gens m’aiment beaucoup. Les femmes m’embrassent toutes. Mon succès, c’est grâce à eux. Moi, je ne nais pas de bodyguard. Je déteste ça. Je suis à Paris depuis 28 ans, et quand je sors, je sors seule, je vais acheter les journaux. Et les gens me respectent pour ça. D’ailleurs s’il y a quelqu’un qui m’arrête dans la rue, les autres arrivent et lui disent « toi, tu la laisses tranquille et tu t’en vas ». Les gens me défendent. C’est formidable.

Vous n’auriez jamais pu, avec votre caractère, vous enfermer comme Bardot dans votre madrague à vous !?

Elle s’est arrêtée trop tôt, Brigitte, mais pour moi c’était la plus belle femme du monde. Pour moi, il y avait Brigitte Bardot et Marlon Brando. Avec Brigitte, on a un rapport extraordinaire. Quand Sarkozy m’a donné un prix, récemment, elle m’a écrit un mot : « à ma pétroleuse bien aimée »

Je me trompe ou, en 1960, vous étiez déjà à la Mostra, avec Rocco et ses frères ?

Oui oui. C’était à mes débuts, quoi. Je me souviens, pendant qu’on tournait sur le film la scène de la bagarre, Visconti a pris le mégaphone et a commencé à crier : « ne me tuez pas la Cardinale ! » J’ai compris qu’il m’avait remarqué. Après il m’a voulu pour Le Guépard, puis pour Sandra, et Violence et Passion.

Vous faites un couple mythique avec Alain Delon, dans Le Guépard. Vous voyez-vous encore ?

Oui. On a fait une projection spéciale du Guépard à Cannes, en 2010. Alain pleurait presque. En plus, c’est Martin Scorsese qui a fait la nouvelle version restaurée, qui durait trois heures. Et on a découvert ce jour-là des scènes qu’on n’avait jamais vues. Alors Alain me disait : « mais Claudia, je ne me souvenais pas qu’on s’embrassait tout le temps. » Je me souviens, quand on avait des scènes d’amour et qu’on devait s’embrasser, Visconti me disait à chaque fois, en français : « Claudine (sic), je veux voir la langue ! » (elle éclate de rire)

Quel type d’homme était Visconti ?

D’une culture immense. Tu pouvais parler avec lui de n’importe quoi. De la musique, de l’art… il savait tout. J’avais un rapport extraordinaire avec lui. J’étais toujours chez lui. On a fait des voyages ensemble. Je me souviens du dernier voyage qu’on a fait, c’était à Londres, pour le dernier concert qu’a donné Marlene Dietrich. On était aux premiers rangs. Et elle, quand elle l’a vu, elle a failli s’évanouir.

Fellini et Visconti s’appréciaient ?

Quand j’ai fait leurs deux films en même temps (Le Guépard et Huit et demi), ils se détestaient. L’un me voulait brune, l’autre me voulait blonde. Et moi je devais me teindre les cheveux.

Attendez : les deux tournages se chevauchaient ? Vous passiez de l’un à l’autre, et vice versa ?

Mais oui ! Dans Fellini, je suis la muse, celle qui donne l’inspiration. Donc, lui, il venait toujours chez moi et il me disait : « toi, tu appartiens à la terre. »

Vous venez de tourner à New York avec une protégée de Werner Herzog. Ça nous ramène à Fitzcarraldo !

Olala ! Ca a été la plus belle aventure de ma vie, ce tournage en Amazonie. Quand tu marchais là-bas, tu avais tous les singes qui te sautaient dessus. Qui te mettaient la langue dans l’oreille. Et là-bas, tu ne savais pas quoi manger. Parce qu’il y avait des insectes et des trucs un peu bizarres. Mais quelle aventure ! Avant que n’arrive Klaus Kinski, on avait commencé le film avec Jason Robards, qui avait tourné avec moi dans le Sergio Leone. Mais tout d’un coup, la nature était tellement forte qu’un jour il est monté sur un arbre… et il voulait son New York steak. On a dû faire venir un psy pour le faire descendre. On a dû interrompre le film. Et on a recommencé après avec Klaus Kinski. Incroyable !


Quelle vie! Very Happy
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