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Bart....Ce qu'il est...

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Message  Démocrate Mar 12 Mar - 23:23

http://blog.marcelsel.com/archive/2013/03/11/celinepreaux.html#more



La Moulitude des Choses, vue par Céline Préaux





Céline Préaux a traduit Derrière le Miroir, qui rassemble une sélection de chroniques de Bart De Wever, aux Éditions du Cri. Et elle profite de la préface d’un livre écrit, commenté et postfacé par Bart De Wever pour dire ce qu’elle pense du travail de votre serviteur : «Chose étonnante, très peu d’études se sont penchées sur [Bart De Wever]. Du côté francophone, nous n’en trouvons qu’une… pour autant que nous puissions la qualifier d’ «étude» […]» Et pif ! ça commence. Réponse facile : «chère madame l’historienne, j’aimerais que vous me disiez quand j’aurais prétendu que mon livre était une ‘étude’ !»

Mais il y a pire…



Plus loin : «Les informations intéressantes au sujet du protagoniste du livre — notamment celles concernant le positionnement de son parti par rapport aux autres mouvements indépendantistes/autonomistes européens [merci NDLA] — sont noyées dans un discours global très partisan, voire haineux à certains moments ». Bien sûr. Peut-être faudrait-il vous rappeler, chère Céline, ce qu’est un essai politique. C’est un engagement, c’est un point de vue. Oui, bien sûr, c’est partisan. Je n’ai jamais affirmé le contraire. Il y a même des pages pamphlétaires, et le dernier chapitre (Le Christ) est purement et simplement satirique. Et haineux ? Oh oui ! Mais seulement à certains (rares) moments, notamment quand Geert Bourgeois s’approprie Brel, je n’apprécie pas, et je le dis, je dis pourquoi, je dis comment, je dis qui, je dis quoi ! Je ne suis pas un scientifique, je suis un écrivain.



Il n’empêche que mon livre foisonne de détails souvent passés au bleu par les journaux et… les scientifiques. La question fondamentale étant pour moi de savoir s’il faut s’inquiéter d’un homme politique qui n’hésite pas à distordre l’Histoire, à manipuler les faits, à raccourcir les parallèles, à comparer «le» parti des Francophones de Flandre à des génocidaires (aidé en cela, il est vrai, par le précédent d’Yves Leterme), à prétendre que «l’identité nationale» est émancipatrice, salvatrice, et même «métaphysique» ? En France, il a suffi qu’un Sarkozy évoque cette identité nationale pour que la presse, les intellectuels, les historiens crient au loup (gris). Ici, certains intellectuels n’ont de cesse que de minimiser, de nuancer, de contextualiser et, au final, quand on lit les chroniques du monsieur, on se demande quel excès pourrait encore ne pas lui être pardonné !



J’ai donc pris parti, en tant que démocrate attaché aux valeurs décrites dans le Traité de Lisbonne (quelle horreur !) ou en tant que libéral (de gauche) — à vous de choisir. Quant à être «haineux», je constate que vous n’utilisez pas ce qualificatif vous-même lorsque vous parlez de Bart De Wever. Je suppose donc que vous ne considérez pas que quand il prétend, dans l’une de ses chroniques que vous avez traduites, que Brel a écrit des chansons haineuses envers les Flamands parce qu’il était frustré d’avoir été francisé, ou que Luc Tuymans est un peintre grossier, ou quand il accuse des dizaines d’artistes flamands d’être petits-bourgeois, voire quand il parle de «génocide culturel», il n’est pas haineux, mais magnanime?



Vous osez reprendre (en très résumé) ma biographie de Bart De Wever, à laquelle je consacre environ un quart de mon livre, pour conclure sur votre blanc destrier «Tout ça ne nous apprend rien de fondamental sur Bart lui-même [dans ce cas, pourquoi le reprenez-vous ? NDLA]. Le parcours intellectuel du leader nationaliste est bien plus pertinent pour tenter de saisir un peu mieux l’idéologie du personnage». Et vous énumérez ensuite, sur une page…, des choses que l’on trouve aussi dans mon livre ! Sauf que, là encore, vous omettez les informations un tant soit peu «inquiétantes» ou passez rapidement dessus. Comme le discours officiel de la N-VA voici deux ans («officiel» signifie «approuvé par le président du parti») où elle établit une distinction entre «l’être un peuple flamand» et «l’être un peuple des Juifs d’Anvers qui se voit à leurs vêtements». Mais c’est évidemment parfaitement normal.



Alors, bien sûr, on peut «étudier» tout ça avec un maximum de pincettes, rappeler un certain nombre de traumatismes flamands (ce que je n’ai pas manqué de faire), expliquer que la N-VA n’est pas islamophobe (même si elle vise en général d’abord l’immigration), que Dewever est pro-européen (même si Geert Bourgeois veut étendre le parcours d’intégration aux… citoyens européens et annonce sans sourciller que, tant pis, on leur ôtera le droit aux allocations des CPAS ou au soutien de l’ONEM flamand — deux entorses patentes au Traité de Lisbonne qui montrent l’absence quasi totale de respect du principe fondamental de non-discrimination par la N-VA si supereuropéenne selon vous !) et bien sûr, on peut tirer des conclusions «nuancées». Mais le passé exige de nous que nous ne fassions pas confiance, par exemple, à Bart De Wever lui-même pour nous donner le taux de nuance que le lecteur est en droit d’attendre. Dans «esprit critique», il y a le mot «critique» et le mot «esprit». Vos éloges sur l’esprit du Grand Chroniqueur font craindre que vous en oubliâtes le sens de la critique.



Mais là où vous dépassez les bornes, c’est quand vous prétendez que mon «ouvrage se rapproche davantage d‘une chronique détaillée de la collaboration de certains Flamands au cours de la Deuxième Guerre mondiale — dont Marcel Sel ne le répètera jamais assez — le grand-père de De Wever faisait partie — visant à décrédibiliser et à diaboliser le leader nationaliste flamand […]». Là, je saute au plafond, je tombe de ma chaise, j’avale de travers et je rugis un Vlaamse Leeuw puissant en chœur avec une division entière de résistants flamingants ! Au passage, vous confortez mon affirmation du premier chapitre des Secrets : «En Belgique, évoquer la moindre relation entre Bart De Wever et une organisation plus ou moins liée à l’extrême droite porte un nom : la diabolisation […] dès qu’on rappelle que son grand-père était un collaborateur et son père une sorte de fasciste, « on » lui tombe dessus à bras raccourcis. « Diabolisation ! » lui crie-t-on sèchement.» Merci de me donner raison.



Mais plus précisément, pouvez-vous me dire exactement combien de fois je cite le grand-père de Bart De Wever dans mon livre ? Vous qui vous aimez les «vraies études», pourriez-vous me faire ce décompte, s’il vous plaît ? Car vous osez, en tant que scientifique, lancer un «dont Marcel Sel ne le répètera jamais assez», quand, en tout et pour tout, je cite le grand-père huit fois sur 439 pages ? Quand de surcroît, je précise en note de bas de page, dès la première citation, et une fois encore dans le corps du texte, que le grand-père de Bart De Wever était «un petit poisson» ? Avez-vous seulement relevé que la moitié de mes références au grand-père portaient sur le fait qu’à la télévision belge francophone, De Wever a prétendu que son pépé «n’a jamais collaboré» ? Qu’il a ensuite affirmé que la justice belge ne laissait aucun droit à la défense ? La question n’est pas ce que le pépé a fait il y a 70 ans, mais bien ce que Bart De Wever lui passe aujourd'hui !



Quant à la chronique «détaillée» de la collaboration de certains Flamands, que vous me reprochez d’avoir écrite, il est impossible d’évoquer l’enfance de Bart De Wever et l’environnement d’extrême droite dans lequel il a longtemps baigné (au moins jusqu’en l’an 2000) sans en passer par les personnages qui ont accompagné le parcours de l’homme. Il me semble inacceptable de ne pas rendre le contexte qui doit lui être rendu, faute de quoi, on insulte l’Histoire. Il me paraissait donc indispensable de montrer que, contrairement à ce que «tout le monde» nous racontait, le père de Bart De Wever était bien à considérer comme néo-nazi (et non comme «nationaliste flamingant»), dès lors qu’il avait fait partie du VMO. Pour rappel, l’image d’Épinal que nous renvoient les mouvements flamingants — Peter De Roover (Vlaamse Volksbeweging) en tête — de ce «premier VMO» (jusqu’en 1971) — image consacrée par Christophe Deborsu dans son reportage — est celle d’une bande sympathique de flamingants un peu tatillons en goguette. J’ai donc consacré un chapitre entier à montrer qu’au contraire, dès la fondation de la milice, ils utilisaient les runes (et pas n'importe lesquelles : la rune de l’Héritage !), caractéristiques des mouvements héritiers du nazisme, qu’ils côtoyaient par exemple les Heimattreue Jugend allemands (néo-nazis interdits par la suite en Allemagne). Et tout cela, non pas pour «diaboliser» Bart De Wever, mais parce qu’il me paraissait qu’on était en train de créer une historiographie complaisante où dès que le mot «nazi» pointait le nez, on le gommait à la va-vite sans même examiner les faits. Une fois encore, parce que soit Bart De Wever, soit son entourage, fait passer Rik De Wever pour un brave flamingant. Dès lors, il est du devoir du journaliste et de l’historien de se demander si cette image est correcte, et si elle ne l’est pas, pourquoi on la tronque.



Je peux me permettre, en tant que chroniqueur, l’une ou l’autre approximation. De Wever, historien qui fait de la politique, s’en permet à presque chaque page de Derrière le Miroir. C’est tellement gros que vous n’en faites même plus la liste objective, vous groupez ça en un argument que vous étayez par quelques exemples. Mais la cascade niagaresque de délires, mensonges, trucages, distorsions, manipulations, confusions volontaires du Président de la N-VA dans des chroniques où, de surcroît, il abuse du quatrième pouvoir pour défendre son idéologie, finit chez vous par couler doucement, sans barrage, en toile de fond, et ça n’est bientôt plus qu’un long fleuve tranquille qui s’enfuit jusqu’à la mer paisible d’un nationalisme inoffensif, sans risques, voire honorable. J’ai à votre contraire tenu à ce qu’on prenne la mesure de la quantité d’outrages à la «vérité», aux faits. Si j’ai parlé du grand-père et du père, c’est avant tout parce que Bart lui-même a, régulièrement, eu une attitude ambigüe (c’est le moins qu’on puisse dire) par rapport à plusieurs ex-nazis et membres de l’extrême droite. Il me paraissait indispensable de les révéler. Si le lecteur s’atterre et trouve qu’il y a du diable dans mon texte, le diable serait plutôt dans la proximité, longtemps entretenue, entre le bourgmestre d’Anvers et ces milieux. Ne pas le dire, ne pas le dénoncer, c’est peut-être votre définition de l’objectivité, mais ça n’est pas la mienne.



Si quelqu’un diabolise Bart De Wever, c’est avant tout lui-même !



De plus, il est impossible de comprendre la Volksunie sans évoquer la collaboration d’un certain nombre de ses membres. Et comme vous le rappelez, le père de Bart De Wever lui a pris une carte de membre dès le berceau et Bart lui-même n’a jamais quitté cette Volksunie. J’ai donc parlé du panier de crabes qu’était ce parti, et notamment de Nelly la rouge, sans omettre l’évolution démocrate de Hugo Schiltz. Mais j’ai donc aussi rappelé que Karel Dillen, figure de proue de la première Volksunie, et ami de Rik De Wever, était au Congrès pour la Refondation du Nazisme de Malmö, en 1951, organisé par le nazi suédois Per Engdahl et par l’ancien chef des Hitlerjugend ; qu’il y a rencontré Bardèche, le «premier négationniste» dont il a ensuite traduit les travaux. J’ai rappelé que 5 ans seulement après la guerre, le même Karel Dillen tendait le bras, la main plate, en public, à la Fête du Chant flamand. Pourquoi me suis-je attaché à donner ces informations ? Parce que Dillen était un ami proche de Rik De Wever, le père de Bart, et parce que Bart lui-même, mandataire et président de la N-VA, est allé à l’enterrement de ce néo-nazi (pour des raisons familiales), où il s’est mêlé à la fine fleur du néo-nazisme nord-européen. Et ça, madame Préaux, pour un homme politique qui se prétend démocrate, c’est étrange chez moi, c’est étrange chez les Flamands de ma famille, chez les Bruxellois de ma famille, et ce n’est plus simplement étrange, mais tout simplement honteux, horrible, innommable pour les germanophones de ma famille.



Il est encore plus étrange qu’on avalise sans broncher son «explication» quant à cette présence. De même, lorsque Bart De Wever présidait, comme vous l’avez dit (merci de confirmer ce que je révélais dans Les Secrets de Bart De Wever), la fameuse soirée où on l’a pris en photo avec Jean-Marie Le Pen, dans un cercle de débat dont le même Karel Dillen (!) était considéré comme le patron… Oublions ça ? De Wever était à cette époque étudiant en Histoire. Il a ensuite prétendu à La Libre qu’il était là presque par hasard et personne n’a été vérifier cette information ! Ça ne vous inquiète pas ? L’Histoire politique est-elle donc désormais ouverte à l’approximation ? Les errements de Bart De Wever student, dans un environnement où l’on croisait des négationnistes comme Bert Eriksson ou des nostalgiques qui n’ont jamais regretté, comme Karel Dillen, ne vous semblent pas constitutifs de son parcours politique ? Quitte, bien sûr à affirmer, preuve à l’appui, qu’il aurait complètement renié ce bord ? Mais comment brandir de telles preuves quand, quelques années plus tard, il intègre d’abord l’un, et ensuite l’autre des coauteurs du Plan en 70 points xénophobe du Vlaams Belang ? Ah, ça n’est pas simple, hein ça, madame Préaux. Alors, on s’abrite de la pluie… en faisant l’impasse totale sur toute cette partie de son parcours. C’est évidemment tellement moins diabolisant !



Pour autant, je n’ai pas qualifié l’idéologie de De Wever de «fasciste», mais de nationaliste identitaire. Il n’y a aucune diabolisation dans ce choix de mots, il a réellement écrit et dit que l’identité était métaphysique. CQFD. Pour en revenir au père et au grand-père, j’ai par ailleurs précisé qu’un enfant n’était pas responsable des actes de ses parents. J’ai même expliqué qu’il était compréhensible qu’un petit-fils n’ait pas envie de dire tout haut «mon grand-père était un collaborateur». Sauf que, lorsqu’il s’agit d’un homme politique de son gabarit, l’on doit exiger la plus grande clarté — peut-être pas en histoire, mais en tout cas en politique. Car le pépé ayant été condamné par la Belgique, par des cours flamandes — et pas petitement — De Wever prétend, en niant les actes délictueux éventuels de son aïeul, que la justice belge aurait commis une erreur (une répression, une infamie), ce qu’il n’étaye par aucune information — étant historien, il pourrait nous montrer de quoi son grand-père était accusé exactement pour parfaire sa démonstration. Un homme qui prétend que la justice flamande d’après-guerre était antiflamande, et prétend par ailleurs que les excuses pour le Vel d’Hiv d’Anvers étaient un acte gratuit, devrait se voir opposer une résistance un tant soit peu plus vigoureuse que ce pipi de chat que vous et quelques autres nous imposez. Je m’en suis chargé. Ça ne vous plaît pas. À votre guise. Mais ne venez pas faire passez mon attitude pour de la diabolisation, ça n’est plus une attitude scientifique, c’est au contraire encore plus partisan, mais dans l’autre sens, qu’une pleine caisse de mes Secrets ! Et je le rappelle, je ne suis pas historien. Vous, oui.



Diabolisation ? De Wever n’a jamais pris ses distances par rapport aux jeunesses nationalistes flamandes VNJ, fondées par l’ex-Hitlerjugend (NSJV — Nationaalsocialistische Jongerenverbond) Jaak Van Haerendonck sur le modèle de l’AVNJ («louveteaux» hitlériens), pour former d’abord les futurs cadres du Vlaams Blok (fasciste, néo-nazi, commémorant des antisémites patentés) et, par la suite, de la N-VA (gentil parti nationaliste démocrate un peu conservateur, mais totalement propre sur lui bien sûr) ! C’est probablement parce qu’il a été affilié à la VNJ par son père (ce qu’on ne peut donc pas reprocher à l’enfant) — oui, on peut envisager cette explication. Au passage, pourriez-vous corriger votre «étude» ? : Rik De Wever n’était pas simplement «concierge» de l’organisation, mais bien aussi cofondateur et membre actif ! Peut-on évoquer la VNJ sans rappeler qu’elle est présente depuis toujours aux plus radicales des réunions néo-nazies, y compris les célébrations où l’on commémore des immondices de l’Histoire (ceci est de la partisanerie) comme Raymond Van Tollenaere, auteur de textes antisémites d’une virulence gœbbelsienne, ou Staf De Clercq, le leader nazi flamand sous l’Occupation (jusqu’à sa mort en 1942) qui recommandait l’éloignement des Juifs ? Banalités, oui, oui, banalités, excès de chroniqueur, allez-y, emballez, c’est pesé !





Mais comment pouvais-je, chère Docteur en Histoire, passer sous silence qu’en 2006, alors qu’il était déjà président de la N-VA, et membre d’un cartel qui allait emporter les élections fédérales un an plus tard, Bart De Wever assistait (avec Gerolf Annemans, Vlaams Belang, et le président du Voorpost, milice néo-nazie héritière du VMO) à l’enterrement d’Herman Wagemans, dont je précise qu’il était «le rédacteur en chef et ensuite l’éditeur responsable de la revue des ‘victimes de la répression’ (entendez ‘de l’épuration’), Broederband, éditée par le Musée Auguste Borms (du nom du nazi exécuté en 1946), revue dans laquelle Roeland Raes, le négationniste […], écrit régulièrement, et où l’on trouve des publicités pour des revues comme Dietsland-Europa (revue d’extrême droite fondée par Karel Dillen), Berkenkruis (revue de l’association St-Maartensfonds regroupant les ex-Waffen-SS) […] des invitations à une commémoration à Staf de Clercq (le leader nazi et antisémite du VNV), à August Borms, qui envoya les jeunes Flamands dans la Waffen-SS, et à Joris Van Severen, le leader du Parti National-Solidariste pannéerlandais d’avant-guerre. Autant d’antisémites notoires !» et où je vous prie instamment de me dire quelle information serait erronée, excessive, incorrecte, partisane ou déplacée ?! Auriez-vous le culot de trouver «non-intéressant» qu’un démocrate aussi «normal» et «insoupçonnable» prononce le discours suivant en hommage à un homme ayant trempé à ce point dans la nostalgie et l’extrême droite : « L’œuvre d’Herman Wagemans est un symbole de l’implication de toute une génération de nationalistes flamands au cours d’une période particulièrement difficile. » ou encore «Et en tant que membre du Comité d’administration et ensuite vice-président national de l’Association des anciens combattants flamands, il a soutenu le pacifisme comme courant sociétal. » Oui, en 2004, l’année où il a prononcé ce discours, Bart De Wever évoquait, quand il parlait des «anciens combattants flamands», non pas les soldats de l’armée belge, non pas les résistants, mais bien les Waffen-SS ! J’ai montré dans Les Secrets de Bart De Wever qu’hormis quelques naïfs, la plupart des volontaires flamands étaient déjà actifs dans les milices nazies locales avant de s’engager sur le Front de l’Est.



Vous, de votre côté, me reprochez de parler d’ex-collaborateurs flamands ? Mais Docteur, ça n’est pas moi qui en parle. C’est lui ! Alors, je m’interroge : quel genre d’histoire écrit-on quand on ne choisit que les bribes qui polissent l’image de la personne qu’on étudie ? Combien d’ex-collaborateurs, de nostalgiques, de néo-nazis, de fascistes ou d’amis du président du Vlaams Belang de l’entourage de Bart De Wever faut-il effacer pour que vous soyez satisfaite de votre travail ?



Et tout ça, c’est sans compter la visite de Bart De Wever au Centre de Documentation Joris Van Severen (du nom de l’ancien chef du premier parti fascisto-nazi flamand, le Verdinaso), où il a écrit et lu un texte «scientifique» dans lequel il n’hésite pas à affirmer que Van Severen n’était pas antisémite et pas pro-hitlérien, sur base de soi-disant «études» réalisées par Luc Pauwels, ex-Verdinaso lui-même, fondateur de la revue d’extrême droite TEKOS et représentant flamand du mouvement de nouvelle (extrême) droite française GRECE ? Est-il anormal d’écrire : «Bart De Wever se retrouve même dans la liste des « collaborateurs » (medewerkers) de la Fondation, aux côtés, par exemple du fondateur de la NSV, les jeunesses estudiantines nationales-solidaristes qui ont donné de nombreux cadres au Vlaams Belang. Et bien sûr, aux côtés de Jef Persyn, l’antisémite… » Il s’y trouve, oui ou non ? Étonnamment, de cette révélation exclusive contenue dans mon livre, personne n’a jamais rien fait !



Or, pouvez-vous soutenir qu’il n’y a rien à dire lorsque l’Historien Bart De Wever, rend hommage à sa «source scientifique», Luc Pauwels, membre de la nouvelle (extrême) droite en prétendant : « Au sujet de l’idéologie et de ses évolutions permanentes, nous sommes excellemment informés par l’ouvrage récent de Luk Pauwels. L’auteur montre d’une façon convaincante qu’idéologiquement, Joris Van Severen était surtout influencé par les différentes directions prises par le mouvement jeune-conservateur.»



Jeune conservateur ? Vous laissez dans votre préface le soin à Bart De Wever de définir lui-même son idéologie. Admettons. Mais pensez-vous pouvoir faire confiance, dans ce cas, à un politicien qui, en 2000 (quatre ans avant de devenir président de la N-VA), qualifiait de jeune-conservateur un mouvement qui a, depuis sa naissance, été partagé entre fascisme et nazisme, et dont la revue ne tarissait pas d’éloge pour Mussolini, Hitler (dont il diffusait, enthousiaste, certains discours) ou Franco ? Pouvez-vous taire le fait que l’historien De Wever prétendit que Joris Van Severen n’était pas antisémite alors que, dans chaque exemplaire de son organe officiel Hier Dinaso que j’ai pu trouver (et dont De Wever pouvait facilement disposer, puisqu’ils provenaient du centre lui-même !), il y a, de 1928 à 1940, au moins un texte antisémite, d’une agressivité croissante au fil des années ? Qu’une phrase comme «quand un Juif arrive à Anvers, l’air devient irrespirable» prononcé lors d’un congrès à Anvers juste avant l’entrée de Van Severen sur scène démontrait sans le moindre doute possible que le Verdinaso et son leader étaient bien de fieffés antisémites et qu’en prétendant le contraire, De Wever démontrait qu’il était soit un exécrable historien, soit un révisionniste du Verdinaso ?



De Wever, dont les recherches ont porté sur l’époque de la collaboration, ne peut ignorer que beaucoup de chasseurs de Juifs étaient, à Anvers, des Verdinaso ! Hasard ? Il a de surcroît laissé publier son «analyse» dans la revue annuelle de ce centre que fréquentaient, notamment d’ex-chasseurs de Juifs ou leurs camarades. Doutez-vous qu’il ait serré ce jour-là la main de Jef Persyn, ancien Verdinaso, membre important du club nostalgique, et de surcroît, un homme qui aurait confié à Dimitri Verhulst (auteur de la Merditude des Choses) qu’il était «dommage que tous les Juifs n’aient pas été éliminés» ? Et enfin, pouvez-vous ignorer qu’il y a de quoi s’inquiéter quand à peu près toutes les références utilisées par l’historien De Wever dans ce texte, publié à côté de signatures insultantes pour tout démocrate qui se respecte, provenaient exclusivement d’anciens du Verdinaso ou de mouvements parallèles, pour la plupart toujours acquis à l’extrême droite, et jamais, au grand jamais, des observateurs extérieurs d’une obédience plus «démocrate» ?



Mais quel historien est-il donc ? Mais quel docteur en histoire êtes-vous donc ? De ceux qui sélectionnent soigneusement les faits pour qu’ils ne noircissent pas trop un pauvre politicien caliméro qu’il ne faut surtout pas accabler parce que ça ne ferait pas plaisir à un certain nombre de Flamands ? Et vous osez juger mon livre ?



Auriez-vous, Céline Préaux, trouvé normal qu’Olivier Maingain, Didier Reynders, ou Paul Magnette rende hommage à un homme comme Wagemans, refuse de critiquer un mouvement comme le VNJ, cite (pratiquement exclusivement) des gens d’extrême droite dans une étude publiée quatre ans avant d’être en cartel avec le CD&V, blanchisse un fasciste antisémite et, en 2007, avec un tel passé, qualifie les excuses de Patrick Janssens de «gratuites», ajoute qu’Israël «utilise des pratiques qui lui rappellent ‘ce sombre passé’» (de la Shoah) et prétende, dans une des chroniques que vous avez vous-même traduites, qu’il y aurait une «controverse existant entre les historiens qui se sont divisés ces dernières années au sujet de l’histoire de l’Holocauste» ? Comment interprétez-vous cette dernière phrase, vous qui interprétez si bien mes écrits ? En ce qui me concerne, la seule division entre historiens au sujet de l’Holocauste qui me paraisse exister est celle qui oppose les Historiens «normaux» aux négationnistes. Admettons qu’une fois encore, il se soit mal exprimé. Mais si ce n’est pas le cas (ce dont vous ne pouvez préjuger), Bart De Wever a, ce jour-là, mis les seconds au même niveau que les premiers — autrement dit, assimilé historiens et «criminels» (le négationnisme est un délit, pour rappel). Vous avez vous-même traduit ce texte, et l’avez publié sans le moindre commentaire, alors que quelques phrases plus haut, De Wever, lui, énonce sans sourciller que les protestations de l’Open VLD, de Pierre Mertens et du Soir étaient «dictées par des raisons malsaines !» Des «raisons malsaines» ? Oh, mais non, il ne les diabolise pas, n’est-ce pas, ça ne lui viendrait pas à l’esprit ! Et encore moins à vous de le relever ! Bien sûr, il n’a sûrement pas voulu parler des négationnistes, me direz-vous ! Mais c’est évident, chère madame, surtout au vu de tout ce qui précède ! C’est très bien de laisser aux gens le bénéfice du doute dans la vie de tous les jours. Mais en Histoire ou en politique, résumer le «geste gratuit» et les explications horribles (je pèse mes mots, je ne suis pas sûr que ça se voie) qui ont suivi, à une broutille, c’est une faute !



Disons que vous vous êtes laissée emporter par l’exclusivité du bénéfice du doute dont bénéficie Bart De Wever, et qui fait son succès. C’est quelques fois presque amusant, comme quand vous prétendez qu’il serait partisan d’une liberté absolue d’expression, lui qui, dès qu’il s’est jugé insulté par Le Soir, s’est empressé de porter plainte auprès du Centre pour l’Égalité des Chances et contre le Racisme — qu’il savait incompétent —, a porté plainte aussi contre Pierre Mertens lorsque celui-ci l’a qualifié de négationniste et s’est de surcroît permis de se venger de ces outrages dans les chroniques dont vous préfacez la version française. Étrange liberté absolue d’expression, qui n’est absolue que pour le Leader et son parti !



Il reste bien entendu qu’il est intéressant pour les Francophones qui le voudraient de disposer des traductions des chroniques de Bart De Wever. Dommage qu’au lieu d’un commentaire détaillé de votre part soulignant les invraisemblables contre-vérités diffusées l’air de rien dans ces textes, nous ayons seulement droit à celui de Bart De Wever, défendant ses propres chroniques lui-même, ainsi qu’à sa postface !



Enfin, je n’ai pas écrit Les Secrets de Bart De Wever pour diaboliser le personnage. Il s’est noirci tout seul, au fil des découvertes. Je l’ai écrit pour secouer le cocotier d’une intelligentsia (y compris scientifique) belge trop prompte à laisser passer tout et n’importe quoi dès lors qu’il s’agit du seul président de la N-VA, lui accordant un statut des plus inquiétants dont aucun autre homme politique belge ne bénéficie. Je suis tout prêt à reconnaître que le passé d’extrême droite, non pas de ses ancêtres, mais de Bart lui-même est bien passé et qu’il a tourné la page. Mais comme je l’exigerais pour tout autre homme politique, et comme on l’a du reste, en Flandre, exigé de Johan Sauwens à l’époque, je ne serai tranquille et ne considérerai que la page est tournée que lorsqu’il aura répondu aux questions que je pose dans mon livre, et pas de manière évasive comme à son habitude : pourquoi a-t-il menti sur la soirée Le Pen ? Que retire-t-il de ses années Vlaams Debatclub (extrême droite) ? Que faisait-il au Documentatiecentrum Joris Van Severen ? Pourquoi a-t-il utilisé des références d’extrême droite dans son texte ? Pourquoi n’a-t-il même pas demandé d’effacer son nom de la liste de collaborateurs du centre ? Comment pouvait-il ne pas savoir qu’il côtoyait des antisémites au discours épouvantable ? Pourquoi parle-t-il des Waffen-SS quand il évoque les anciens combattants flamands ? Et des dizaines d’autres questions. Oui : des dizaines d’autres questions.



Toutes questions qui me paraissent fondamentales au jour où 39% des sondés flamands indiqueraient avoir l’intention de voter pour lui. Je le répète : on n’aurait épargné aucun autre politicien. Lui, dispose d’une armada de Flamands et de Francophones qui sans repos exigent de ses opposants qu’ils se taisent, ou crient à la diabolisation dès que quelqu’un tente de revenir sur un passé sur lequel il ne s’est jamais expliqué clairement. À ce titre, votre préface est un exemple de plus.



Madame Préaux, combien de faits faut-il accumuler avant que vous considériez enfin que, quand une presse et des historiens ne sont plus en état intellectuel de poser clairement toutes ces questions à un homme politique, ou du moins de se demander à quel type d’idéologie on a affaire sans se contenter de ses propres déclarations, il est moins question de diabolisation dans mon chef que d’angélisation obstinée, aveugle, frileuse, peureuse dans bien d’autres, dont, désormais, le vôtre ?



Il est temps, peut-être, pour vous, de passer de l’autre côté du miroir. Celui où l’on regarde la réalité en face.

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