Ce que dit la femme de ménage nigériane de Bart

Ce que dit la femme de ménage nigériane de Bart

Au fond, il doit s’ennuyer ferme, Bart De Wever, maintenant que les négociateurs négocient (mais oui…) et que l’attention médiatique se détourne de lui.
Par Olivier Mouton

Ne nous détrompons pas, le César de la N-VA reste aux abois : il compte les points gagnés dans les sondages et multiplie les petites phrases qui font mouche auprès de son électorat. Tandis que les (vrais) dirigeants font tout pour sauver l’euro ou réaliser les économies nécessaires, on lui doit sans doute la déclaration « décalée » de la semaine.

Reprenons et délectons-nous de ces propos plein d’humour tenus lors d’un entretien accordé à Humo : « Ma femme de ménage nigériane est en Belgique depuis deux ans. Elle parle mieux le néerlandais qu’Elio. À Bruxelles, on ne peut pas vendre un sac sans être bilingue mais on peut devenir Premier ministre. » Quelle belle sortie à tiroirs que celle-là ! Une vraie matriochka russe. Décodons-en toutes les interprétations cachées…

Premier degré. Elio a fait des progrès, mais il continue à parler néerlandais comme une vache espagnole. Bart surfe sur l’éternelle frustration linguistique du mouvement flamand face aux Conquistadores francophones. Un Premier ministre digne de ce nom doit être parfait bilingue, il ne l’est pas. Inacceptable. Cela montre que ce pays n’en est plus un, etc., etc. Post-scriptum : Et moi, Bart, j’ai choisi de ne pas monter dans cette galère fédérale, je la torpillerai en permanence.

Second degré. Non, moi, Bart, je ne suis pas raciste bien que président d’une formation nationaliste. Ma femme de ménage est nigériane et, oui, vous entendez bien, cher peuple flamand : elle parle mieux le néerlandais que le futur Premier ministre. Elle a appris en deux ans de temps ! C’est le résultat du processus flamand d’intégration des personnes d’origine étrangère. Mieux que le Ceran, ça, ce centre d’apprentissage de haute volée situé à Spa, par où est passé Di Rupo. Post-scriptum : Et notez que le Nigeria, ce n’est pas l’Afrique du Sud…

Troisième degré. Cela n’a l’air de rien, mais Bart De Wever est bel et bien un homme proche du peuple. Imaginez : il parle même à sa femme de ménage nigériane. Il lui parle ! Et bon prince, ce faisant il lui permet d’améliorer sa connaissance du néerlandais. Post-scriptum. Proche du peuple, oui, mais hyperactif, quand même. Père de quatre enfants, président du premier parti de Flandre, Bart n’a guère le temps de passer le torchon ou de laver les fenêtres.

Quatrième degré. À Bruxelles, on ne peut vendre un sac sans être bilingue. Petite piqûre de rappel au sujet du bilinguisme de cette ville hautement symbolique, aussi capitale de la Flandre.

Cinquième degré. Notez quand même au passage que Bart continue à appeler amicalement Di Rupo « Elio ». On ne sait jamais, les liens peuvent servir…

Sixième degré. Je reste le Bart que vous aimez, celui du « Slimste mens ». Drôle, piquant, qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Septième degré. À vrai dire, en pensant à la femme de ménage, on pourrait se perdre dans de tortueuses évocations d’une affaire célèbre qui s’est déroulée à New York. Tiens, la femme de ménage nigériane a-t-elle son mot à dire ?

Ce qui me fait moins rire, c'est qu'une majorité de flamands est aussi bornée que lui